
« Je ne peux pas vraiment dire que la technique Alexander m’a permis de courir plus vite, explique Sam Murphy, mais une chose est sûre, elle m’a permis de courir mieux. De devenir un meilleur coureur qui a pleinement conscience des mouvements de son corps, un coureur qui sait quand il faut être plus à fond, quand il faut relâcher la pression. Un coureur qui éprouve du plaisir dans le simple fait de poser un pied devant l’autre. Un coureur qui est maître de sa course, une sorte de capitaine qui contrôle l’ensemble de son corps pour en tirer le meilleur parti. Un coureur qui court mieux aujourd’hui, à 40 ans, que quand il en avait 20 ! »
Qu’est-ce que la technique Alexander ?
Cette technique a été mise au point par un acteur de théâtre australien, Frederick Matthias Alexander, lassé d’être handicapé par des extinctions de voix à répétition. C’est en s’observant longuement à l’aide de miroirs qu’il a mis au point sa technique, fondée sur une sorte de réapprentissage de la bonne posture. L’acteur réalise en effet que ses soucis de voix sont directement liés à des crispations invisibles qui se sont installées au fil du temps. En 1930, F. M. Alexander ouvre son école, et se consacre alors quasi exclusivement à sa méthode. Pour résumer, la technique Alexander est plutôt une forme de rééducation posturale, il s’agit avant tout de se libérer de mauvaises postures inconscientes (la sédentarité moderne serait en partie responsable de ces mauvais positionnements) et de réapprendre à sentir son corps, bouger, évoluer. La notion de conscience y est aussi très importante. Avoir conscience de son corps, voilà la clé de la méthode. Bien sûr, sur le papier, cela paraît un peu simpliste. Dans les faits, prendre conscience de son corps est un travail long et parfois fastidieux. Car qui dit prendre conscience de son corps, dit rompre totalement avec des habitudes, des postures ou des mouvements qui sont devenus « naturels », mais qui en fait ne le sont pas, d’où les crispations, douleurs, contreperformances sur le plan sportif, etc. Mais cela signifie aussi garder son corps et son esprit en connexion. Bon pied, bon oeil, c’est l’objectif !
Passer un cap
« La plupart des coureurs que je connais sont venus à la technique Alexander pour deux raisons principales : soit parce qu’ils se blessaient, soit parce qu’ils stagnaient au niveau de leurs performances, continue Sam Murphy. J’avais ces deux raisons en tête quand j’ai commencé les cours, il y a douze ans. En appliquant les principes de la technique Alexander, j’ai appris à courir en étant le plus efficace possible : mettre la pensée au centre du mouvement, ne pas appuyer sur les orteils, limiter l’effort. » Souvent, on associe course et effort. Un bon coureur est celui qui est capable de dépasser ses limites, de courir malgré la douleur. Oui. On peut effectivement tirer beaucoup de satisfaction à continuer à rouler malgré un pneu crevé ! On peut aussi chercher à regonfler la roue. C’est un peu l’idée de la technique Alexander. Cette technique ne s’improvise pas, elle doit être enseignée par des professeurs ayant suivi une formation. Orientez-vous vers des centres qui ont pignon sur rue.
Essayer à la maison
1/ Allongez-vous avant de courir
À moins que vous ne sortiez du lit, votre colonne vertébrale se sera obligatoirement « tassée » parce que vous serez resté assis ou debout depuis plusieurs heures. C’est aussi souvent au niveau du dos que s’accumulent les tensions. Allongez-vous pendant quelques minutes, genou plié et tête légèrement surélevée (vous pouvez placer un livre sous votre tête) pour libérer votre colonne des tensions.
2/ Courez lentement
C’est en courant lentement que vous pourrez vraiment décomposer votre mouvement et trouver ce qui cloche éventuellement : votre pied est-il lourd, votre tête est-elle bien positionnée (si vous avez mal à la nuque, la réponse est non), votre buste est-il droit ? Petit à petit, vous pourrez trouver le meilleur mouvement.
3/ Travaillez votre posture
« Les genoux verrouillés et le fémur dans l’alignement… Ainsi mon corps est parfaitement aligné, des épaules aux genoux en passant par les hanches, explique Sam Murphy. La plupart des gens courent comme s’ils étaient assis et ne s’en rendent pas vraiment compte, car ils ignorent les signaux envoyés par leur corps. »