
Quand Thomas, engagé sur un trail de deux jours en Dordogne, sent une douleur dans sa cuisse, cela ne l’affole pas plus que cela. « J’avais déjà ressenti ce genre de douleur avant et j’ai vraiment cru que ce n’était pas grand-chose. » Massage, glace et ça repart. Mais le lendemain, sur la deuxième étape, il n’a jamais pu dépasser le premier kilomètre. Après évacuation et radio à l’appui, le verdict est sans appel : fracture de fatigue. Le choc pour Thomas, loin d’imaginer que ce qu’il avait pris pour une douleur presque innocente était une blessure sérieuse. Repos, plâtre, rééducation… et une année loin du bitume et de ses runnings. La pilule est dure à avaler.
Les blessures induites par la course à pied ne sont pas toujours évidentes à reconnaître. Souvent, la douleur est diffuse et fait suite à une course ou à un entraînement poussé et régulier. En déterminer l’origine est plus difficile que pour une blessure soudaine, franche et localisée. Habitués aux douleurs, les coureurs qui s’entraînent beaucoup, ou ceux qui pratiquent l’ultra, ont leurs petits trucs pour se soulager et usent de l’automédication à outrance. Or, sans avis médical, le risque de poser le mauvais diagnostic est de… 100 % ! Même un médecin, s’il n’est pas spécialisé et n’a pas l’habitude de soigner des sportifs, peut éprouver des difficultés à identifier clairement l’origine d’un problème. Alors, plutôt que de jouer les Rambo, mieux vaut étudier plus précisément toutes les possibilités et en parler avec son médecin, en décrivant le plus précisément possible les circonstances de la douleur.
Où ça fait mal ? Au pied
Vous pensez : fasciite plantaire
Cela peut être aussi : une fracture de fatigue du métatarsien
La différenceLa fasciite plantaire est une inflammation de l’aponévrose plantaire, une membrane fibreuse qui se trouve sous la plante du pied et qui s’étale du talon jusqu’à l’avant-pied. C’est une affection courante en course à pied, dont les causes peuvent être variées. Néanmoins, des entraînements trop longs, trop poussés, ou le port de mauvaises chaussures sont souvent responsables des douleurs.
Une fracture de fatigue est une fracture due à un effort trop intense, quel que soit son niveau, qui entraîne des microlésions répétées sur l’os qui se fragilise. En cas de fracture de fatigue, la douleur est généralement très vive au début, puis s’estompe mais revient sournoisement lors des entraînements, de la marche dans la vie courante, et peut même apparaître la nuit. Elle est persistante malgré les soins et doit amener à consulter. Au moindre doute, mieux vaut en parler à un médecin qui orientera vers une échographie ou une scintigraphie osseuse. Porter de bonnes chaussures, s’entraîner correctement, éviter les sols trop durs sont des réflexes à adopter pour prévenir les pathologies du pied. Mais il ne faut pas non plus négliger le rôle de la nutrition, car les déficits sont souvent en cause lors des blessures chez le coureur. Ainsi, il faut veiller à une bonne hydratation, des apports énergétiques suffisants, des apports corrects en acides gras essentiels et une bonne densité minérale et vitaminique.
Où ça fait mal ? Au genou
Vous pensez : syndrome rotulien (fémoro-patellaire)
Cela peut être aussi : le syndrome de la bandelette ilio-tibiale
La différence
Le syndrome rotulien, une irritation des cartilages qui entourent la rotule, est effectivement une pathologie très fréquente en course à pied, notamment en cas d’entraînements soutenus, si l’articulation est trop sollicitée : courses en côte, terrains escarpés, hypersollicitation des quadriceps…
Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, lui, est une inflammation de ladite bandelette, un tendon fibreux qui relie le muscle fessier au genou. La douleur se situe dans la zone externe du genou et survient généralement à l’effort. Le repos est recommandé et l’arrêt de l’entraînement devra être envisagé selon l’étendue de l’inflammation, qu’elle touche la rotule ou la bandelette ilio-tibiale. Si le genou est gonflé, il peut alors y avoir une lésion associée, un peu de glace peut soulager. Quel que soit le diagnostic, on peut agir en prévention en s’étirant suffisamment après la course (pour des étirements spécifiques, voir sur www.medecinedusport.fr), en limitant les terrains vallonnés, les entraînements en côte, la musculation du quadriceps associée et en se chaussant correctement.
Où ça fait mal ? Dans le bas du dos
Vous pensez : douleurs lombaires
Cela peut être aussi : le syndrome du pyramidal
La différence
Le pyramidal est un muscle qui s’étend du sacrum jusqu’au fémur. Il traverse la région fessière et a des contacts étroits avec le nerf sciatique. S’il est soumis à trop de tension, par insuffisance d’étirement par exemple, il peut provoquer des douleurs sourdes qui peuvent irradier toute la zone, des fesses au dos, et se propager par le nerf sciatique. La douleur diffuse, s’intensifie en position assise. Le syndrome du pyramidal touche en priorité les coureurs qui s’entraînent sur des surfaces dures, mais aussi les coureurs d’ultra et ceux qui augmentent brutalement le nombre de kilomètres parcourus. Seul un médecin ou un kinésithérapeute pourra identifier ce syndrome après une batterie de tests et le différencier d’une sciatique. Une prise en charge adéquate (massages, points de pression…) donnera alors de bons résultats.
Où ça fait mal ? À la tête, au cou, un peu partout
Vous pensez : symptôme grippal, virus
Cela peut être aussi : surentraînement
La différence
Pousser trop loin les capacités de l’organisme à récupérer, c’est le risque du surentraînement. Le problème est que chacun possède des ressources qui lui sont propres et il est difficile de prévoir un surentraînement. Par ailleurs, le surentraînement ne touche pas seulement ceux qui enfilent 200 kilomètres sur une course d’ultra. Il peut toucher n’importe quel coureur, du moment qu’il ne permet pas à son organisme de récupérer suffisamment et correctement entre deux sorties. De plus, il s’installe insidieusement : un système immunitaire qui répond moins bien, une fatigue stagnante, des troubles du sommeil, des blessures et des douleurs plus régulières. Un ensemble de symptômes qui deviennent de plus en plus gênants au quotidien. Sans parler de la baisse des performances, de l’irritabilité et des troubles de l’humeur qui s’ajoutent à ces symptômes. La parade ? Du repos, un plan d’entraînement bien mené et un temps de récupération suffisant entre les séances.