
Courir en groupe permet-il de rester plus motivé ?
Oui, évidemment, car il y a toujours un moment où l’on tombe dans le piège de la « facilité », c’est-à-dire qu’on trouve un prétexte pour annuler un entraînement. La dynamique du groupe vous tire toujours vers le haut, c’est une pression positive. Le groupe peut ainsi apparaître comme un garant du maintien de l’activité. Il apporte aussi la cohésion, le partage.
N’importe quel groupe fait-il l’affaire ?
Non. L’une des clés est de bien choisir son groupe. Il doit être du bon niveau, ne pas aller trop vite, être sympathique. Si on n’intègre pas le bon groupe, on va décrocher. Le choix du groupe doit être personnel, il faut éviter à tout prix le non-choix c’est-à-dire le groupe que je n’ai pas choisi.
La notion de performance est-elle indispensable pour rester motivé, même si on ne participe pas à des courses ?
C’est toute la différence entre le sport loisir et le sport en compétition. Quand on le pratique comme un loisir, c’est « quand je veux » ou « quand je peux », même si cela est organisé. C’est un rendez-vous plaisir. Dès qu’il y a un objectif de performance, cela impose des contraintes. Il n’empêche, dans tous les cas, on peut avoir des objectifs ! Il faut seulement qu’ils soient à la fois ambitieux et réalistes. L’idée, c’est de pousser les limites, mais aussi d’accepter ses propres limites, un peu comme un match à l’intérieur de soi-même.
Tous les débutants sont-ils des compétiteurs dans l’âme ?
Tout dépend de la personnalité. On peut aussi privilégier le côté social de la course. Mais, souvent, il y a une partie compétiteur en chacun de nous. C’est celle qui nous pousse à progresser, même sans performance. L’important est de bien se connaître, d’identifier ses désirs puis d’adapter ses actes à ses désirs.
Que faire si on sent que l’on va abandonner ?
Il est normal d’arriver à un point de rupture, on y arrive toujours tôt ou tard. C’est un moment que l’on peut anticiper, c’est aussi le moment clé où certains vont trouver de la motivation, des ressources, de quoi continuer ; ce sont ceux qui aiment se frotter à la difficulté. Tout cela peut se travailler lors de la préparation mentale. Le but est d’anticiper, de se demander : « Qu’est-ce que je peux faire quand cela arrive ? » Si rien n’est prévu, il est facile de baisser les bras. Par exemple, on peut trouver des parades, comme se fixer de mini objectifs ou s’habituer à éliminer les pensées parasites…
Dans quel état d’esprit doit-on participer à sa première course ?
Il est important de savoir où l’on va mettre les pieds pour éviter la peur de l’inconnu, mais aussi de ne pas surévaluer la difficulté ou au contraire de ne pas la sous-évaluer. Bien entendu, les choses sont différentes si on participe à un premier marathon ou s’il s’agit du premier 5 kilomètres. Dans tous les cas, il faut prendre un maximum de renseignements sur le lieu, les ravitaillements, les toilettes, etc., pour éviter les mauvaises surprises. En balisant le terrain, on les esquive.
Faut-il avoir un objectif temps sur une première course ?
Tout dépend du niveau, de la préparation, de la motivation. Fonctionner avec des défis peut être utile pour tenir pendant la préparation. Mais je ne le conseille pas à tout le monde.
Makis Chamalidis, expert psychologie pour Runner’s World France
Né en Allemagne de parents grecs, Makis Chamalidis est venu s’installer en 1990 à Paris pour finir ses études de psychologie et se spécialiser dans le domaine du sport. Son premier livre, Splendeurs et misères des champions (VLB éditeur), traite des différentes trajectoires de carrière de grands sportifs et notamment de la gestion de la fin de carrière. Makis a créé avec François Ducasse le programme de formation et de coaching « Champion dans la tête » (livre éponyme paru aux Éditions de l’Homme) spécialisé dans la préparation mentale, le développement personnel et le teambuilding. Il accompagne depuis 1997 les joueurs/ses et entraîneurs à Roland-Garros et intervient dans une vingtaine de disciplines sportives. Il est régulièrement invité en tant que conférencier, que ce soit en milieu sportif, entrepreneurial ou universitaire, en France et à l’étranger. Pendant sa carrière, Makis a accompagné de nombreux coureurs pour les aider à se préparer à de grandes compétitions. Dès qu’il le peut, il chausse ses chaussures de running pour se ressourcer.