
Près de 80% des français souffrent de douleurs au dos, mais faut-il vraiment pour autant s’arrêter de courir quand cela vous arrive? Runner’s World a posé 5 questions à David Popesco, médecin du sport, voici ses réponses.
Les coureurs sont-ils plus sujets aux problèmes de dos ? Pourquoi ?
Non, ils le sont a priori moins que la population générale. L’explication vient de la physiologie de la colonne vertébrale, plus particulièrement de celle du disque intervertébral. On pensait auparavant que les lombalgies venaient uniquement des contraintes imposées au disque. Celui-ci se fendait, et laissait passer des fragments du noyau discal (protusion) ou le noyau entier (hernie discale), ce qui comprimait une racine nerveuse, d’où la douleur. On contre-indiquait tout sport sollicitant pour la colonne vertébrale, dont la course à pied. Les travaux récents ont montré que la déshydratation du disque intervertébral, qui survient avec le temps, intervenait énormément également. Les mouvements que la course à pied impose à la colonne transforment un peu les disques en éponges, écrasés entre deux vertèbres, qui une fois comprimés se détendent pour « aspirer » l’eau et se réhydrater. Par ailleurs, la musculation de la sangle abdominale, des muscles latéraux pariétaux et paravertébraux que provoque la course à pied aide à maintenir une posture de qualité et limite les mouvements de cisaillement de la colonne vertébrale. Enfin, il faut savoir que le disque intervertébral est un corps étranger pour l’organisme : dans sa situation normale, il ne se passe rien. Dès qu’une pathologie le sort de son emplacement anatomique, il se produit une réaction inflammatoire qui tend à vouloir le digérer. C’est ce qui provoque la douleur de lombalgie. C’est ainsi que 80% des lombalgies disparaissent spontanément avec le temps.
Quelles sont les pathologies du dos les plus courantes chez les coureurs ?
Avant tout celle de la dégénérescence discale, commune à toute personne dans le temps. Elle peut aller jusqu’à la hernie discale. Viennent les anomalies de posture, de statique de la colonne, dues à une contrainte trop importante (entraînement excessif, surpoids, chaussures non adaptées, activité préférentiellement pratiquée sur sol dur, bitumeux). Les tassements vertébraux surviennent avec l’âge. Mais un coureur régulier est plus protégé qu’un sédentaire, car les sollicitations imposées aux os les rendent moins fragiles. Accessoirement, les pathologies rares tumorales, bénignes ou malignes.
Une mauvaise posture pendant la course peut-elle entrainer un mal de dos ?
Oui, par déséquilibre des chaînes musculaires postérieures, ou antérieures-postérieures, des contractures des muscles vertébraux peuvent survenir, au même titre qu’une contracture du mollet.
Quand faut-il arrêter l’entrainement ?
Lorsque la douleur ne permet plus de courir, lorsque l’on présente des troubles neurologiques, fourmillements, paralysie, douleurs franches de sciatique. Par ailleurs, il ne faut pas se dire que l’amélioration de la douleur sous traitement permet de reprendre le sport. Ce camouflage ne signe pas une guérison.
Quels sont les bons gestes en prévention ?
Des chaussures adaptées – éventuellement équipées de semelles orthopédiques spécifiques -, un entrainement progressif, tant en volume qu’en intensité, la variété des terrains d’entrainement, la limitation de la position assise (la pire pour les lombalgies), une activité physique régulière (3 sorties hebdomadaires en course à pied, par exemple), deux ou trois séances de gainage hebdomadaires.