
Dans les années 1880, Angelo Mosso un chercheur italien, a fait une bien curieuse observation. Il a voulu tester l’endurance musculaire chez ses collègues. Lors de son expérience, il a remarqué qu’après un effort mental, les muscles avaient aussi tendance à se fatiguer plus vite. Ce fut la première observation scientifique des conséquences d’un effort mental sur la performance physique. Une observation vérifiable d’après le psychologue du sport que nous connaissons bien, Makis Chamalidis.
Visualiser ses objectifs
Tenir une allure de course fixée à l’avance, c’est un peu comme jouer avec la flamme d’une bougie, nous sommes toujours à la frontière entre l’envie de ne plus subir une sensation inconfortable et le besoin d’aller plus loin. Un processus naturel qui peut engendrer une fatigue mentale et avoir des répercussions concrètes sur le physique. Dans une étude assez bizarre, des chercheurs ont demandé à des volontaires de regarder un film de trois minutes destiné à provoquer un dégout. On leur a ensuite demandé de faire une course de vélo sur 10km. Les chercheurs ont constaté que ce visionnage n’avait eu aucune conséquence sur leur performance. Les résultats furent exactement les mêmes que s’ils n’avaient pas regardé le film. Dans un deuxième temps, les chercheurs ont demandé aux volontaires de cacher leurs émotions et de ne pas montrer leur dégout. Résultat: leurs performances se sont alors révélées moins bonnes (-3,3%), mais les volontaires avaient également perçu leur effort comme plus difficile, « le fait de se débarrasser d’un poids en exprimant ses sentiments a forcément une influence sur le physique, et cela peut se répercuter sur la sensation de fatigue », analyse Makis Chamidilis, psychologue du sport, rattaché auprès du centre de Roland Garros. « S’imaginer devoir enchainer 26 000 foulées – nombre approximatif de pas sur un marathon – peut aussi entraîner une perte d’énergie. Pour qu’une visualisation soit vraiment bénéfique elle doit être bien menée et surtout bien construite. Le coureur devra donc plutôt se concentrer sur son entraînement et sur sa stratégie, c’est-à-dire des choses concrètes sur lesquelles nous pouvons agir ». La visualisation mentale peut être un excellent moyen pour atteindre ses objectifs et anticiper d’éventuelles difficultés, à condition de ne pas se disperser en se laissant submerger par le stress.
Faites le vide
La fatigue peut également jouer sur la réussite d’un marathon. Les coureurs reportent souvent toute leur organisation durant la dernière semaine d’affutage, car ils s’imaginent avoir alors plus de temps. Ils font sans s’en rendre compte un mauvais calcul susceptible de peser sur leur performance, « en voulant en faire trop, on dépense de l’énergie inutilement. Il vaut mieux préparer sa course sereinement et bien en amont ». Car c’est avant tout le moment de «faire du jus» et non de se retrouver en surcharge, « il faut garder la récupération, ou l’affutage, pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire de vrais moments de récupération », ajoute notre expert. Le but étant toujours de se placer dans les meilleures dispositions possibles, physiquement et mentalement. En limitant les sources de stress avant une compétition importante vous augmentez du même coup vos chances de réussite.