Contrairement aux idées reçues, l’entraînement en salle ne se résume pas à un simple plan B pour faire face aux rigueurs de la météo : « on peut prévoir des séances bénéfiques pour le coureur », note Nicolas Jeansoule, responsable du pôle Santé, Performance et Expertise au centre d’entrainement Lisses Sport Académie. « Le tapis permet de maintenir une régularité du rythme en limitant les fluctuations d’allure. Sur la piste, le coureur a tendance à adapter sa vitesse en fonction de ses sensations et de la distance, le tapis vous oblige au contraire à tenir la bonne allure, autant sur le plan physique que mental ».

Pour certaines séances de seuil ou de fractionné long (type 4x2000m), le tapis peut alors se substituer avantageusement à la même séance en extérieur. « Bien évidemment, le tapis ne pourra jamais remplacer les conditions réelles. L’un des objectifs de l’entraînement est de préparer le coureur à affronter les conditions de course rencontrées en compétition, et on court assez peu de marathons en salle ». L’entraînement sur tapis va surtout vous permettre de limiter les désagréments de la course en hiver : « pour la récupération, ou certaines séances spécifiques, il est effectivement indiqué ».

Un outil supplémentaire pour le coureur

La programmation des séances est l’un des gros avantages du tapis, grâce aux fonctions assez élaborées de certaines machines on peut facilement construire des entraînements relativement précis. Vous contrôlez toujours les principaux paramètres de course: vitesse, dénivelé, distance.

En outre, le tapis de course est généralement un engin assez facile à maîtriser, une petite dizaine de minutes suffisent pour trouver son équilibre et un placement optimal, ni trop devant ni trop en arrière. Attention de ne pas avancer plus vite que la bande de roulement, vous risquez de taper dans l’avant de la machine et d’être déséquilibré.

Autre avantage non négligeable, vous évitez la galère des séances urbaines en pleine nuit et dans le froid (circulation, météo, insécurité). Vous pourrez aussi vous hydrater plus facilement, la douche n’est jamais très loin, ce qui est toujours intéressant avec des salles généralement surchauffées. Par ailleurs, la salle de gym peut aussi être l’occasion de profiter des autres outils de musculation et de faire un travail de renforcements spécifiques.

Limites du tapis

Attendez-vous à transpirer un peu plus, car en intérieur vous n’aurez pas à subir l’effet du vent. L’air permet d’évacuer la transpiration et de rafraîchir l’organisme pendant l’effort. En salle, vous n’aurez pas de vent, par conséquent la dépense énergétique sera plus importante. À effort identique, la fréquence cardiaque sera aussi plus élevée, car l’organisme devra fournir un effort supplémentaire pour réguler la température corporelle : « au niveau musculaire les appuis ne sont pas non plus les mêmes, la foulée est modifiée, vous devrez ramener le pied plus rapidement sur le tapis pour suivre le roulement de la bande. Conséquence : une phase de propulsion moins importante et un travail musculaire sensiblement différent », souligne notre expert. « Le nombre de foulées est plus important».

Pour finir, le tapis ne permet pas de réaliser tous les entraînements, et à la longue la bande roulante du tapis peut être finalement plus traumatisante que les chemins en sous-bois : « les risques de traumatismes articulaires peuvent être accrus ». Au niveau mental, la perception de l’effort est différente, « courir une heure sur un tapis face à une glace ou à un mur, et même avec des écouteurs dans les oreilles, devient vite lassant, malgré toute la motivation du monde ».