
On en trouve aujourd’hui de plus en plus dans les centres de rééducation sportive et dans certaines salles de sport. Ces tapis de course, qui ont fait leur apparition aux États-Unis, ne sont plus seulement réservés aux seuls vestiaires des grosses écuries de foot, comme le Real Madrid ou le PSG (le prix d’un tel jouet varie entre 30 000 et 60 000 euros) qui les utilisent régulièrement pour soigner leurs joueurs. « J’ai découvert le tapis antigravité à l’université de Stanford aux États-Unis, où j’ai travaillé, explique Hervé Collado, médecin du sport auprès de la Fédération française de triathlon et de paratriathlon. J’ai ensuite convaincu le directeur du centre de rééducation de Capbreton d’acquérir un tout premier exemplaire. » À l’origine, le système a été conçu par la Nasa.
Le principe est assez simple, le tapis de course est placé dans une sorte de housse gonflable, étanche. « L’utilisateur passe ses jambes à l’intérieur de la housse, le bas du corps est totalement isolé. La machine place alors les membres inférieurs en apesanteur, et en conséquence le coureur est délesté d’une partie de son poids » ( jusqu’à 80 %), explique Emmanuel Bozzi, représentant commercial d’Alter- G, la seule marque proposant ce système en France.
« Un coureur de 100 kilos n’en pèsera plus que 20 ! «
« Si l’on pousse au maximum, une personne pesant 100 kilos subira les traumatismes des impacts au sol d’un coureur pesant seulement 20 kilos. Les bénéfices pour les sportifs blessés qui souhaitent reprendre l’entraînement plus rapidement sont forcément très intéressants, complète Hervé Collado. Cela permet la reprise progressive des appuis. L’outil se révèle particulièrement adapté à la rééducation après une fracture ou une entorse grave des membres inférieurs – cheville, genou ou fémur. » C’est un bon moyen de mesurer précisément les progrès des patients, car on peut augmenter progressivement le poids du corps. Les séances durent de 10 à 15 minutes et la vitesse du tapis est réglée par le thérapeute, la machine pouvant aller jusqu’à 19 km/h.
Performance et guérison.
Que ce soit pour un tapis antigravité ou pour un tapis de course aquatique, l’effet recherché est le même. « Toutefois, la résistance de l’eau est plus forte, on peut donc moins jouer sur le poids. Mais l’eau a aussi un effet bienfaisant et antalgique plus important. » N’espérez pas pour autant vous débarrasser d’une séance de fractionné en courant paisiblement dans votre piscine, l’objectif principal restant la réhabilitation après blessure. Néanmoins, ce système est largement utilisé pour les séances de décrassage et pour la récupération après un gros effort. « Certains athlètes augmentent aussi leur kilométrage et leur capacité cardio-vasculaire sans subir de traumatisme des membres inférieurs. » Plusieurs légendes de la course à pied l’utilisent dans leur entraînement, comme la championne du monde en titre de marathon, Paula Radcliffe, ou le célèbre entraîneur américain Alberto Salazar, qui le recommande à ses coureurs.
« Nous proposons un modèle de tapis antigravité spécifiquement conçu pour l’entraînement, capable d’atteindre une vitesse de 28 km/ h », explique le représentant commercial d’Alter-G. Le Centre technique national de Clairefontaine ou encore l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), deux structures sportives spécialisées et reconnues, ont succombé aux avantages des tapis antigravité. Mais aujourd’hui, vous aurez tout de même plus de chance de vous trouver face à un de ces engins dans un centre spécialisé en rééducation. Mais ça, on ne vous le souhaite pas.