
Se fixer une course en ligne de mire est toujours enthousiasmant, mais la perspective d’épingler un dossard n’est pas toujours l’unique raison qui nous fait chausser les running. Certains souhaitent perdre du poids, être en forme ou tout simplement se faire plaisir sans la pression du chronomètre. Identifier ses motivations et vos raisons profondes vous permettra de courir heureux et longtemps.
LA SANTÉ AVANT TOUT
Une étude parue en début d’année dans le très sérieux Journal of the American College of Cardiology, et largement reprise dans les médias, suggérait qu’une fréquence et une intensité de course trop élevée pouvait être contre-productive et exposait les coureurs trop assidus à des risques de décès prématurés équivalents aux sédentaires. Des résultats surprenants, mais à relativiser selon Laurent Monassier, professeur en pharmacologie à la faculté de médecine de Strasbourg et traileur: « Tout d’abord, il s’agit d’une étude rétrospective où la mesure de l’activité physique reposait exclusivement sur l’interrogatoire. Ensuite, le taux d’événements dans le groupe dit à activité physique intense était extrêmement faible et on ne connaissait pas les causes de décès. Pour finir, l’activité intense était définie comme une course aux alentours de 11km/h, une vitesse finalement assez lente pour une majorité de pratiquants. Si on se fie à ces résultats, nous devrions donc faire face à une épidémie de décès chez les sportifs amateurs et professionnels, ce qui heureusement n’est pas le cas. »
Au-delà de ces études difficilement vérifiables, l’important est d’abord de mettre en place une régularité et une progressivité. 3 à 4 séances hebdomadaires d’environ 45 min représentent un très bon compromis entre forme, bien-être et progression. Certains pourront même ajouter un travail qualitatif sous la forme de 15/15ou de 30/30. Une activité croisée permet aussi de varier les sollicitations. Mais, dans tous les cas, « il faut adapter sa pratique à sa situation personnelle (poids, état de forme, passé sportif, pathologies…) ».
PERDRE DU POIDS
Courir longtemps (plus de 40 min) en endurance permet de brûler les graisses. Lors d’un exercice physique, l’organisme utilisera d’abord les glucides pour les transformer en énergie et faire fonctionner les muscles (un peu comme un carburant). « Mais l’intensité et la durée de l’exercice influent également sur l’épuisement des réserves et le passage plus ou moins rapide à une nouvelle filière énergétique. À partir d’une certaine durée d’effort, les lipides sont alors prioritairement utilisés», explique Véronique Rousseau, professeur de sport et diététicienne-nutritionniste à l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance). Mais ce n’est pas en courant 2 h d’affilée chaque dimanche que l’on maigrira forcément plus vite : « Cela dépend del’intensité et de la durée de l’effort, mais aussi de la fréquence des entraînements et de l’ensemble des dépenses énergétiques, poursuit notre diététicienne, auteure d’une méthode inédite pour mincir (Très bien merci, avec Joël Robuchon).
Par exemple, si l’on court très vite et très longtemps, l’organisme épuisera plus vite les glucides et passera plus rapidement à une nouvelle filière énergétique. » L’articulation des différents entraînements jouant donc aussi un rôle important, « le coureur désireux de perdre du poids aura donc intérêt à diversifier ses séances pour maintenir une dépense énergétique optimale et surtout à contrôler son alimentation surle long terme».
DIMINUER LE STRESS
La course procure un état de bien-être et permet de diminuer le stress. Un lointain héritage du temps où nous étions chasseurs. À cette époque, la nourriture était alors une préoccupation fondamentale, et nous devions courir (très) longtemps pour attraper notre dîner etéprouver une satisfaction après avoir fourni un effort. Ce mécanisme chimique perdure encore aujourd’hui, il explique en partie pourquoi nous sommes si zen en courant: « Notre organisme sécrète des molécules chimiques provoquant un état de bien-être en récompense d’un effort accompli. Mais il produit également des substances durant l’effort qui nous permettent de supporter la douleur et d’atteindre notre objectif », explique Laurent Monassier.
Cette fameuse ivresse du coureur de fond, ressentie ou bout d’un certain temps, agit un peu comme un antalgique naturel diminuant la fatigue etmasquant la douleur, « tout est lié au noyau accumbens, un ensemble de neurones situés dans une zone du cerveau qui joue un rôle important dans le système de récompense, dans le plaisir, mais aussi dans l’accoutumance et la dépendance ». Idéalement, pour atteindre cet état de bien-être, il faut pousser un peu la machine, mais pas trop. Les endorphines sont sécrétées en réponse à l’inconfort provoqué par un effort en endurance qui ne doit pas être trop intense et suffisamment long.
RENCONTRER DU MONDE
En France, le nombre decoureurs est estimé à 8,5 millions. Une grande majorité n’intégrera jamais de clubs, jugés trop élitistes. Un stéréotype malheureusement infondé car courir en club, c’est avant tout intégrer un groupe et une communauté. « Les séances communes sont des rendez-vous que je ne raterais pour rien au monde, explique Cédric, licencié FFA à Villeurbanne, du côté de Lyon, pour moi, ce sont des repères qui me permettent d’organiser ma semaine, de gérer mon emploi du temps et de structurer mes entraînements. »
Courir en groupe est encore la meilleure façon de rester motivé. «Le groupe permet de rester concentré sur les raisons qui nous poussent à courir. C’est aussi une source de motivation et un endroit pour échanger», ajoute Cédric. Courir en club, c’est aussi la liberté de pouvoir choisir quand s’entraîner ensemble et quand courir seul. Un luxe dans un sport réputé plutôt solitaire.