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Votre plus grand allié (ou votre pire ennemi) est votre mental. Ce que vous pensez ou ressentez lorsque vous courez a une énorme influence sur vos performances. Pour booster votre mental, nous sommes allé à la rencontre de 3 professionnels ; voici leurs conseils :

BOOSTER VOTRE MENTAL AVEC FRANÇOIS D’HAENE

Ultra-trailer, vainqueur de l’UTMB et de la Diagonale des fous « J’essaie de relativiser. La course ne doit pas prendre une place trop importante dans la vie de tous les jours. Le jour de la course est une journée à part, mais ça reste une journée parmi tant d’autres. Il faut conserver ses schémas habituels, notamment les derniers repas ou la dernière nuit avant la course. Cela permet de ne pas générer de stress particulier. Ce que j’essaie de faire, c’est de replacer tout cela dans son contexte. Il ne faut pas oublier qu’on fait cela pour le plaisir. Il n’y a rien de dramatique. Nous avons choisi de participer à la course, et donc de souffrir un minimum, mais il faut essayer de s’amuser le plus possible. Il y a des moments, notamment dans les ultra­-trails de 25-­30 h, où il y a beaucoup de douleur, de souffrance, mais avec un peu de recul on en rigole. Et je me sers de ces moments pour relativiser pendant la course. Mon entraîneur me disait souvent pendant des séances difficiles : “Rien n’est éternel.” C’est souvent difficile à concevoir, mais ce n’est qu’un moment passager. »

BOOSTER VOTRE MENTAL AVEC SAMIR BAALA

Champion de France de marathon et expert Runner’s World « Pour être dans de bonnes conditions sur la ligne de départ, il faut d’abord avoir une bonne préparation. Avoir suivi son plan d’entraînement à la lettre, pour être conscient de ce dont on est capable. Et quand ça devient difficile, je me concentre sur tous les efforts que j’ai fournis et sur les résultats que j’ai obtenus. Je sais que j’ai fait ce qu’il fallait pour cette course, et cela me donne confiance. Dans le cadre d’un marathon, il y a aussi un élément essentiel : visualiser la course par segments. En découpant les 42,195 km par tranches de 5 km, tout devient plus facile mentalement.

Bien sûr, il y a également de la douleur. Et elle arrive tôt ou tard. Mais il faut se dire que c’est pareil pour tout le monde, qu’on n’est pas seul dans la souffrance. Puis je fais toujours en sorte, à un moment ou à un autre, de me focaliser sur les éléments extérieurs à la course : les spectateurs, les paysages. Cela me permet de sortir mon corps de la course et de diminuer la sensation de souffrance. »

BOOSTER VOTRE MENTAL AVEC MAKIS CHAMALIDIS

Psychologue du sport, spécialiste de la performance « Se mettre mentalement en condition peut déclencher l’envie de s’entraîner, comme écouter sa musique d’entraînement ou commencer à préparer ses affaires. Il faut essayer de se projeter dans la séance et de penser aux moments agréables vécus pendant la course ; on peut trouver des astuces qui vont garantir l’envie ou la régularité, mais c’est toujours très personnel. Le plus important est de trouver quelque chose qui a du sens et qui nous rappelle pourquoi l’on va courir. Il faut utiliser tout ce qui peut nous rappeler le sens que l’on donne à l’entraînement et les raisons profondes qui nous poussent à courir.

L’anticipation est sans doute la meilleure stratégie pour rester motivé et courir malgré tout. Au cours de la semaine ou de la journée, il y a forcément des entraînements qui seront plus difficiles que d’autres, où l’on est tenté de reporter ou d’écourter sa séance, il faut donc anticiper les mauvaises excuses ou les éventuelles perturbations pour ne pas subir les prétextes qui pourraient influer sur l’entraînement. »